Suite aux élections et à la proclamation de la commune le 28 mars 1871, le général Eudes, un blanquiste, proposa le 29 mars, à l’assemblée fraîchement élue, de prendre le nom de la Commune. Les élus modérés démissionnent dès que l’assemblée adopte le nom de Commune. Quelques semaines plus tard, le 6 avril, les radicaux démissionnent eux aussi, à la suite du vote concernant le décret des otages. Les différents courants politiques au sein de cette assemblée ont provoqué rapidement d’importants désaccords.
L’organisation de la Commune
Pourtant, au départ, un système de démocratie très ouvert et très vigilant avait été instauré. Un conseil et des commissions collégiales se réunissaient chaque jour à l’Hôtel de Ville, avec des séances quotidiennes afin d’examiner les réunions de la veille. Ces journées étaient suivies de débats, discussions, votes ou encore de lectures des rapports. Ensuite, les arrêtés et les décrets étaient publiés au Journal Officiel.
Rapidement, cette collégialité se révélant impraticable, neuf délégués ont été désignés pour diriger chacun des grands services. Ils constituaient ainsi une commission supérieure exécutive. Ce système a rapidement atteint ses limites; les commissions ont d’ailleurs été renouvelées le 21 avril.
« La désorganisation est partout. […] C’est du suicide», constatait Avrial le 28 avril, ou encore selon Billioray « Mais l’administration de la guerre, c’est l’organisation de la désorganisation. Il nous faut un comité souverain pour faire marcher tous ces services ».
Versailles contre Paris
Le mois d’avril fut un mois très violent, les affrontements entre versaillais et communards ont été impitoyables. Différentes personnalités politiques et d’affaires ont essayé de réconcilier les deux parties, mais en vain.
Paris a été durement bombardée pendant cette période par l’armée versaillaise, les grosses pièces d’artillerie versaillaise ont fait pleuvoir inlassablement leurs obus sur les fortifications de Paris.
Mi-avril, Paris se trouve isolée, la voie ferrée et le télégraphe coupés. La dernière semaine d’avril a été marquée par de grandes défaites militaires. En effet, la démocratie directe posait de redoutables problèmes d’organisation et de discipline, ce qui rejaillit sur la défense de la capitale.
Deux forts restaient encore aux mains des Fédérés, le fort de Vanves, et le fort d’Issy. Le fort d’Issy fut évacué temporairement, faute d’ordre précis, dans la nuit du 28 au 29 avril. Cet abandon, même temporaire, provoqua une grande colère chez les parisiens. Le Général Gustave Cluseret, délégué à la guerre, fut tenu pour un incapable, arrêté et emprisonné à la prison de Mazas.
L’affaire du fort d’Issy accéléra les choses. Au cours de la séance du 1er mai, la création du Comité de Salut public, fut difficilement votée. Il était constitué de 5 membres : il y eut 45 voix pour, et 23 voix contre. Politiquement, la situation s’aggravait.
Ce choix, rétrogradé, niait les droits les plus évidents du peuple qu’on prétendait représenter directement. Il entraîna une dramatique scission au sein de l’assemblée communale, entre une courte majorité de «jacobins» et une «minorité» formée des plus jeunes membres et des plus socialistes. La minorité quitta l’assemblée au pire moment, quand la situation militaire était devenue intenable.
Cette assemblée communaliste, formée d’hommes généraux, dévoués à la cause populaire ne s’est pas toujours montrée à la hauteur de sa lourde tâche. Souvent jeunes et sans expérience du pouvoir, obligés d’improviser un gouvernement au milieu d’une crise politique, ses membres sont exténués par de multiples responsabilités.
Le conflit s’intensifie et les communards se divisent; tandis que bientôt sera signé par Adolphe Thiers le Traité de Francfort. A suivre, le 10 mai prochain !
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