#150 ans, jour pour jour : Proclamation de la Commune de Paris, le 28 mars 1871

 

La Commune de Paris a duré 72 jours. Dans le 1er épisode, nous avons déroulé le fil des événements qui ont mené à l’insurrection populaire. Lorsque les fédérés prennent le pouvoir sur la capitale, leur première action est d’organiser des élections. La Commune est officiellement proclamée, le 28 mars 1871, à l’Hôtel de Ville.

 

UN RASSEMBLEMENT POPULAIRE

Suite à la fusillade des généraux Lecomte et Clément-Thomas du 18 mars, les représentants du pouvoir officiel se replient sur Versailles sur ordre de Thiers. La voie est libre pour les insurgés, qui investissent les lieux de gouvernance publique, les administrations et les ministères, sous la dénomination de Comité central de la garde nationale. La volonté d’assurer légitimement et légalement le soulèvement d’une partie du peuple parisien est immédiate : des élections municipales sont organisées pour le 26 mars. Le 28 mars, la Commune est solennellement proclamée à l’Hôtel de Ville de Paris.

C’est ce dernier événement qui est représenté sur cette illustration signée A. Lamy, parue dans Le Monde illustré du 8 avril 1871. La façade de l’édifice, où s’était constitué le gouvernement de la Défense nationale suite à la proclamation de la IIIè République, est ici bien identifiable pour tout Parisien. Sur le parvis et autour du bâtiment, aucun espace ne semble laissé libre par la foule qui s’y agglomère. Certaines personnes sont perchées sur des canons, qui renvoient aux pièces d’artillerie préservées des mains de Thiers, situées sur la colline Montmartre. Les hommes présents brandissent baïonnettes et drapeaux, qui rappellent leur intégration dans les différents bataillons de la garde nationale qui ont combattu pendant le siège de la capitale.

Ce type d’illustration, qui relate la vie politique sous la Commune, est très répandu. Les affiches, placards, journaux et caricatures se multiplient à la chute de l’Empire, période pendant laquelle la liberté d’expression était très restreinte. La presse permet une diffusion rapide des idées et des nouvelles mesures prises pendant les 72 jours d’insurrection. Certaines publications, comme Le Cri du peuple de Jules Vallès, sont éditées à 50 000 exemplaires par jour.

 

QUI SONT LES COMMUNARDS ?

En bas à droite de l’illustration, une femme est présente, tenant deux verres d’une main. Elle semble converser avec un homme tenant également un verre. Cette présence féminine est ici très minoritaire, alors que les femmes ont joué un rôle important au sein de la Commune, et ont mené des actions fondamentales pendant et après les 72 jours de l’insurrection. Cependant, les avancées pour leur cause n’ont pas modifié le système politique, puisqu’elles n’avaient pas le droit de vote ni celui d’être élues.

D’ailleurs, qui est élu lors des élections du 26 mars ? D’abord, il faut noter que le taux d’abstention est élevé (plus de 50%), surtout dans les quartiers cossus de l’ouest parisien. Les 86 élus de l’Assemblée communale sont issus de divers courants politiques et de toutes les couches de la société : blanquistes, membres de l’Association internationale des travailleurs et des chambres syndicales, ouvriers, employés, journalistes et quelques représentants des professions libérales. De nouvelles élections seront organisées le 16 avril. Parmi ces élus, on peut citer le syndicaliste hongrois Léo Frankel et le teinturier Benoît Malon, qui ont œuvré à la mise en œuvre d’une vraie politique sociale.

 

LA RÉPUBLIQUE DE PARIS

Les premières mesures ne tardent pas à être prises : remise totale des loyers, abolition de la circonscription et instauration du service municipal obligatoire dès le lendemain de la proclamation de la Commune, le 29 mars (il ne faut pas oublier que la guerre contre la Prusse n’est pas terminée), séparation de l’Eglise et de l’Etat le 2 avril, paiement échelonné des échéances commerciales le 12 avril…

Bien que non reconnue par le gouvernement de Thiers et réduite aux limites de Paris, la Commune a la volonté de modifier le paysage politique français et d’essaimer sous formes de républiques fédérales et sociales. Des tentatives, rapidement écourtées, sont menées à Lyon, Marseille ou encore Toulouse.

A cet élan d’espoir bien visible sur l’illustration de Lamy, vont succéder certes des tensions entre communards, mais aussi des mesures concrètes qui amélioreront la vie et les droits des Parisiens et des Parisiennes, comme la création de l’Union des femmes le 11 avril.

 

 

A découvrir dans le prochain épisode !

 

Retrouvez toute la programmation des 150 ans de la Commune de Paris.