Un jour, une œuvre : Bonnet en byssus (début du XIVème siècle)

Lors de la fouille d’un dépotoir situé dans le quartier au nord de la basilique, fut mis au jour un fragment de textile informe.

Compte tenu de la rareté des textiles découverts en fouille, on tenta de le conserver.

Afin d’éliminer la gangue terreuse qui le recouvrait, il fut plongé dans de l’eau déminéralisée, très fréquemment renouvelée. Au bout de quatre mois, les dernières traces de sédiment ayant disparu, la pièce fut délicatement dépliée. C’est alors qu’apparut un bonnet tricoté au « point jersey ».

Le fragment de textile prit alors un intérêt scientifique supplémentaire car les ouvrages en tricot médiévaux sont extrêmement rares. Une modiste fixa le bonnet sur de la tarlatane, qu’elle avait préalablement mise en forme, et le disposa sur un support d’exposition.

Ce bonnet réservait encore des surprises, car restait à identifier sa matière qui s’avéra extraordinaire : du byssus, ou « soie marine » ou « laine de poisson ». Les étoffes de byssus étaient fabriquées à partir d’un coquillage bivalve, la Pinna nobilis, qui peut atteindre un mètre de long. Pour adhérer à leur support, ces bivalves sécrètent une substance semi-fluide qui durcit au contact de l’eau et se transforme en fil, dit byssus, souple, mordoré, robuste comme les fils de soie du bombyx.

Cette soie était connue des Phéniciens, mentionnée dans quelques sources écrites médiévales et récoltée jusqu’au milieu du XXe siècle, dans le golfe de Tarente et en Sardaigne. Le byssus s’utilise notamment pour confectionner des gants, des bonnets, mais toujours des objets luxueux.

Le bonnet découvert à Saint-Denis est une pièce d’exception, destinée à des utilisateurs de haut rang ; elle a été reconnue comme le plus ancien ouvrage de byssus actuellement connu au monde.

 

 

Pour aller plus loin…

  • Ce bonnet en byssus est exposé dans la première salle d’archéologie médiévale du musée qui  présente des objets témoignant de la vie quotidienne des habitants, mais aussi des pièces plus rares attestant  la présence de personnages de haut rang, en relation avec la puissante abbaye de Saint-Denis.

 

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