Ce chapiteau en pierre calcaire, haut de 52,5 cm et dont les quatre faces étaient sculptées, illustre la parabole du Riche et de Lazare d’après l’Évangile selon Saint Luc (Luc XVI, 19-31).
Sur la première face est représenté le festin du Riche. Trois personnages portant habits et belles parures sont assis derrière une table bien garnie. Au milieu, le Riche est coiffé d’un bonnet d’où émergent deux petits démons à l’expression grimaçante. De sa main droite, il désigne Lazare dont on aperçoit les bras tendus, marqués des pustules de la lèpre, que viennent lécher deux chiens. Sur la droite de la scène, un serviteur apporte un bol.
Les deux inscriptions gravées précisent : MEN]DIC(US)LAZAR(US): Le mendiant Lazare et : HIC EPULAT(UR) DIVE[S : Ici festoie le riche.
La partie inférieure de la deuxième face est bûchée mais elle évoquait la mort du Riche. Son âme, représentée nue est saisie par deux démons ; elle tourne son visage vers le patriarche (figuré sur la face suivante) et désigne de la main sa langue tirée pour indiquer sa soif.
La troisième face montre l’âme de Lazare IN] SINU ABR[AHAE : dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire au Paradis. Le patriarche, nimbé, au visage imberbe, est assis devant un mur en bel appareil symbolisant sans doute la Jérusalem céleste. La représentation d’un baquet d’eau ou de la margelle d’un puits trouve sa signification dans le dialogue entre Abraham et le Riche: « qu’il (Lazare) trempe le bout de son doigt dans l’eau et rafraîchisse ma langue». Le patriarche répond en tendant un cartouche où est inscrit : AUC(DI)ANT MOISEN ET P(RO)FETAS : qu’ils écoutent Moïse et les prophètes.
La quatrième face, entièrement détruite, devait représenter la mort de Lazare et le transport de son âme au ciel.
Ce chapiteau a dû être mis en œuvre en 1125 par l’abbé Suger, lorsque celui entreprit de restaurer la basilique carolingienne.
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