De plus en plus de sciences sont désormais appliquées à l’archéologie, nous permettant d’aller toujours plus loin dans les découvertes.
Des analyses très variées et très poussées peuvent être faites, grâce auxquelles il est parfois possible d’identifier les graines ou les pollens par exemple. Les informations qui en résultent peuvent donner une idée du type de végétation qui existait à un moment donné sur un territoire particulier et nous permettre de visualiser le paysage dans lequel évoluaient les habitants du lieu. Cela peut également donner des indications sur le climat en fonction des espèces identifiées.
Parfois, il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin dans les analyses, certaines découvertes vont être une source d’informations inattendues.
En 1982, à l’occasion des fouilles qui se déroulent au cœur de la ville, au nord de la basilique, et qui sont menées par l’unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis, les archéologues découvrent un curieux petit couteau dans un dépotoir domestique.
Le manche de ce couteau est creux et constitué d’une tôle de cuivre enroulée sur elle-même. Le travail est assez grossier mais la virole qui maintient la tôle enroulée à l’extrémité du manche est tout de même décorée de stries obliques incisées.
La forme de la lame est très particulière. Très courte, son tranchant est droit mais la courbe de son dos fait penser à une serpette.
Cette forme est caractéristique du cernoir. Sa taille également puisqu’il fait à peine 7,5 cm. Ce petit couteau est destiné à ouvrir les noix vertes afin d’en extraire le cerneau, à les cerner, d’où son nom de cernoir.
Ce type de couteau est aussi cité par François Rabelais dans Gargantua sous le nom de gouet. Les cernoirs, ou gouets, connus ont généralement des manches très décorés, ce qui n’est pas le cas de celui découvert à Saint-Denis qui semble être un objet beaucoup plus ordinaire. Une perforation sur le manche avec un départ d’anneau laisse penser qu’il était probablement porté suspendu, peut-être à une ceinture.
Ce cernoir a été découvert dans ce qui était le dépotoir, les poubelles, d’une habitation de la fin du XIIIème, début du XIVème siècles. Cela nous permet d’imaginer qu’il y avait probablement des noyers à proximité et nous donne un indice important sur la vie des Dionysiens à cette époque. La distraction de la personne qui cernait ses noix et qui pourrait avoir accidentellement jeté son cernoir avec les coquilles, comme nous jetons parfois nos épluche-légumes avec les épluchures, aura été la chance des archéologues !
Pour aller plus loin…
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