Un jour, une œuvre : Mary Hamilton (Toulouse-Lautrec)

Il y a deux ans, le musée d’art et d’histoire Paul Eluard de la ville de la Saint-Denis a présenté l’exposition Un chef-d’œuvre dans ton salon! Edmond Frapier ou les estampes de grands maîtres à portée de tous.

Cette exposition a été appréciée par les visiteurs mais aussi par nous, les médiatrices du musée, qui avons eu l’occasion de la présenter au public.

Un petit clin d’œil alors à cette exposition, qui a suscité l’intérêt du public et des professionnels, avec cette belle œuvre d’Henri de Toulouse-Lautrec.

 

Edmond Frapier et la Galerie des Peintres-Graveurs

Edmond Frapier était libraire, antiquaire, marchand d’art et éditeur, à Paris. Il fonda en 1901 son magasin dénommé la Galerie des Peintres-Graveurs d’abord à Saint-Germain-en-Laye, en banlieue parisienne, puis en 1918 à Paris même. Il est avec son fils Jacques, le fondateur du Musée social de Nogent-sur-Marne (1950).

Il a édité entre 1924 et 1935 des œuvres d’artistes à personnalités très marquantes. En effet, petit à petit il s’est spécialisé dans l’édition d’estampes. Il a édité sous le nom de la Galerie des Peintres-Graveurs les productions des grands artistes comme Pierre Bonnard, Antoine Bourdelle, Maurice Denis, Aristide Maillol, Henri Matisse, George Rouault, Maurice Utrillo, Kees Van Dongen et Maurice Vlaminck.

Edmond Frapier ne souhaitait pas rééditer des estampes existantes, à quelques exceptions près, dont celle de Toulouse-Lautrec dont nous allons voir ici un exemple.

 

Mary Hamilton

Cette lithographie éditée par Edmond Frapier en 1925, est une œuvre d’Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) créée en 1893, dont Edmond Frapier fait un retirage à 625 épreuves pour l’Histoire de la lithographie de Manet à nos jours.

Sur cette lithographie est présentée Mary Hamilton, une professionnelle anglaise du divertissement, appelée  » diseuse « , interprétant des monologues. Elle est ici représentée dans son costume masculin qu’elle revêtait habituellement pour ses performances.

L’artiste la met en scène dans un décor absent, sans effet de lumière, n’utilisant rien d’autre que son corps, ne jouant pas du clair-obscur obtenu par l’emploi de grandes plages sombres comme dans Une spectatrice pendant la chanson de Polin.

Au contraire, il joue ici, pour modeler le visage, de l’emploi d’oppositions de tons, laissant des surfaces très blanches qui mettent en relief certaines parties.

Henri de Toulouse-Lautrec représente la nuit parisienne et ses personnalités, la culture moderne des années 1890.  » Il allait au théâtre non pour entendre les pièces, ce qui étonnait ses amis, mais afin de pouvoir saisir, dans un éclairage, sous des angles qui les faisaient mieux valoir, les traits des acteurs, des actrices, déjà accentués par le maquillage.  » (J. Adhémar, Toulouse-Lautrec Lithographies – Pointes-sèches, Arts et Métiers graphiques, 1965).

L’artiste réalise ses premières lithographies en 1892 et ne cessera plus d’en produire, délaissant l’affiche pour la lithographie en noir et en couleurs à la fin du siècle. Il se crée une technique propre, usant d’un trait simplifié par rapport à ses dessins, et de couleurs parfois éclatantes.

C’est à partir des années 1880 que l’estampe circule en France et à l’étranger. Grâce à elle, les jeunes artistes, tels Pierre Bonnard, Maurice Denis, ou Edouard Vuillard se font connaître.

 

 

Pour aller plus loin…

  • Le catalogue de l’exposition Un chef-d’œuvre dans ton salon! Edmond Frapier ou les estampes de grands maîtres à portée de tous est disponible à la boutique du musée !
  • A écouter en podcast, l’émission de l’Humeur vagabonde sur France-Inter, consacrée à Toulouse-Lautrec résolument moderne (Grand Palais, 9 octobre 2019 – 27 janvier 2020)

 

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