L’hiver est maintenant installé. Quoi de mieux pour occuper ces longues soirées glaciales que de découvrir un conte au coin du feu ?
Pour profiter de cette saison toute en poésie, le musée met à l’honneur le conte de La Reine des Neiges et sa mise en images par le graveur Lars Bo.
Libérés, délivrés de la Reine des neiges ?
Entrons ensemble dans l’univers crée par Hans Christian Andersen en 1844.
Ici, les deux sœurs du film d’animation étaient bien différentes : Anna s’appelle Gerda dans le texte, tandis que la Reine des Neiges est celle qui enlève Kay, le meilleur ami de Gerda, pour l’emmener dans son palais de glace. Bien que très différent de la version animée, le texte d’Andersen reste un conte foisonnant d’événements magiques. Les péripéties de Gerda sont nombreuses dans ce conte en sept parties.
Entre une sorcière et un renne, le bonhomme de neige parlant laisse sa place à une corneille bavarde…il y a même un miroir magique !
Les cinq estampes présentées ici ont été réalisées par Lars Bo, graveur danois installé à Paris depuis 1947. Elles font partie d’un ensemble de 10 eaux fortes et aquatintes intitulées Autour de la Reine des neiges tirées à 150 exemplaires et édité par la Galerie des Peintres Graveurs en 1967.
La première illustration représente la destruction du miroir magique à l’origine de l’histoire. Celui-ci déforme le bon en mauvais. Gare à ceux qui en recevraient un fragment dans l’œil ou dans le cœur ! La dimension morale des contes d’Andersen est ici bien présente et ponctue le récit.
Deux autres estampes présentent le personnage de la corneille qui accompagne la petite Gerda et une quatrième donne à voir la chevauchée de l’enfant à dos de renne dans la nuit. La dernière illustration offre une version du Palais de la Reine des neiges, lieu ensorcelé où « les murs étaient faits de neige pulvérisée, les fenêtres et les portes de vents coupés ».
Il se dégage de ces illustrations un onirisme tout particulier propre à l’œuvre de Lars Bo. Le graveur a ici mis son univers lyrique au service du texte de son compatriote danois.
Lars Bo (1924-1999): illustrateur onirique et éternel rêveur
Lars Bo nait à Kolding au Danemark en 1924.
D’abord peintre et dessinateur dans la presse, il s’engage dans la Résistance danoise pendant la seconde guerre mondiale. il s’installe à Paris après plusieurs années de voyages à travers l’Europe. C’est en France qu’il apprendra les techniques de la gravure, notamment eau forte et aquatinte. Vers la fin de sa vie, il se consacrera principalement à la technique du monotype, entre estampe et peinture. Il est d’ailleurs resté très attaché à la pratique de l’aquarelle.
L’univers développé par Lars Bo est fortement teinté d’une douce rêverie. Formes spectrales et créatures étranges peuplent régulièrement les œuvres de l’artiste. Son approche visuelle peut être rapprochée du surréalisme pour l’importance qu’y revêtent le rêve et l’inconscient. Il a illustré de nombreuses œuvres littéraires, comme La Reine des Neiges ou la Petite Sirène d’Andersen, mais son travail ne se limite pas aux contes. Il a par exemple réalisé une série de huit estampes sur Le rêve de Jean Valjean de Victor Hugo en 1975.
Plus tôt dans sa carrière, il fut même sollicité pour réaliser les décors et le rideau de scène du ballet Le Lac des Cygnes au Théâtre Royal du Danemark (1969 – chorégraphié par Flemming Flindt).
Aujourd’hui moins connu que d’autres illustrateurs comme Edmond Dulac ou Kay Nielsen, Lars Bo est un artiste au style affirmé, porteur d’un esprit d’évasion et d’un lyrisme qui parlera aux petits comme aux grands.
Lars Bo au musée d’art et d’histoire Paul Eluard
Le musée conserve plusieurs estampes de l’artiste. La Galeries des Peintres Graveurs, dirigée à l’époque par Jacques Frapier, fils du fondateur de cette dernière, a édité et diffusé une partie des estampes originales réalisées par Lars Bo et signées de sa main.
Une exposition temporaire dédiée à Lars Bo s’était d’ailleurs tenue au musée municipal d’art et d’histoire de Saint-Denis en 1977. Plus récemment, c’est au fondateur de la Galerie des Peintres Graveurs, Edmond Frapier que le musée a rendu hommage avec une exposition temporaire en 2017.
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