Des cheminées dans la Plaine : le patrimoine industriel au musée
Le musée Paul Eluard de Saint-Denis est un musée d’art et d’histoire. Il a pour vocation d’acquérir, conserver et valoriser un patrimoine reflétant l’évolution de son territoire. Manufacture des pianos Pleyel, orfèvrerie Christofle, atelier d’impression sur étoffes Ferret-Delaunay… Les collections sur l’histoire industrielle de Saint-Denis sont composées d’objets et de documents provenant des nombreuses usines qui ont jalonné le territoire de 1830 aux années 1970.
Parmi ces entreprises, les verreries et cristalleries Legras ont occupé une place importante dans le paysage industriel de la Plaine-Saint-Denis.
Un maître-verrier venu des Vosges : François-Théodore Legras (1839-1916)
Créées en 1859, avenue du Président Wilson (anciennement avenue de Paris), les verreries de Saint-Denis sont intimement liées au parcours de François-Théodore Legras, qui en fut le gérant à partir de 1867. Arrivé à Saint-Denis à 24 ans, ce maître-verrier vosgien d’origine modeste passe de simple ouvrier à directeur de la verrerie en seulement trois ans.
Il n’a de cesse de moderniser et amplifier les moyens de production, mobilisant les membres de sa famille et une main d’œuvre importante, souvent originaire de sa région natale. L’usine compte près de 1200 ouvriers au début du XXème siècle.
La production Legras, régulièrement récompensée lors d’expositions internationales entre 1880 et 1900, décline après la Première guerre mondiale pour cesser définitivement en 1960.
Les verreries et cristalleries Legras proposaient trois principaux types de productions : la verrerie utilitaire à destination chimique, pharmaceutique ou commerciale ; la verrerie créative colorée ornée de décors et les « bouteilles à sujets ».
La verrerie créative
Peut-être moins célèbre que Gallé, Daum ou Lalique, Legras fait néanmoins partie des maîtres-verriers qui ont marqué l’histoire de l’art décoratif. Dans le sillage de l’Art Nouveau, il signe une très grande variété de verreries aux formes et aux décors variés : paysages, fleurs, fruits, feuillages, faune.
La démarche commerciale consistait à proposer des objets de luxe, dans le goût de Daum ou Gallé, mais à meilleur prix. Vendues sur catalogue, ces pièces décoratives intemporelles rencontraient ainsi une vaste clientèle, plus populaire.
Les bouteilles à sujet
Aussi appelées bouteilles à figures, il s’agit de verreries dont la forme représente un véritable « sujet » : personnage célèbre, monument, objet usuel ou animal, épisode historique, politique, d’actualité.
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, ces bouteilles étaient très prisées des liquoristes et distillateurs français qui les offraient à leurs clients pour les remercier ou les fidéliser. Le catalogue de productions Legras est très riche, jusqu’en 1914 où la guerre stoppe net les fabrications de ce type.
Un généreux don
Quelques institutions muséales conservent des pièces Legras. La collection du musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis compte un grand nombre de ces verreries décoratives et à figures, régulièrement exposées. En 2019, un « bouteillophile » a fait le don de 500 pièces, réunies avec patience et passion pendant des dizaines d’années.
Comme les autres collectionneurs-donateurs qui ont contribué à l’enrichissement du musée depuis sa fondation, la générosité de ce particulier a permis d’intégrer dans les collections des objets insolites, « témoins » d’une industrie dionysienne et du patrimoine de la verrerie populaire.
Pour aller plus loin…
– Les verreries Legras en images sur le site des archives municipales de Saint-Denis,
– Découvrez les collections d’archéologie industrielle du musée,
– Une exposition Legras au musée du verre de Conches-en-Ouche (Eure)
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