Nouvelles acquisitions 2025 : Photomaton

Paul Eluard, Autoportrait dans un photomaton, vers 1929 (épreuve gélatino-argentique sur papier). Photo : I. Andréani

Le musée d’art et d’histoire Paul-Eluard de Saint-Denis conserve un important fonds consacré au poète Paul Eluard (1895-1952), né à Saint-Denis en 1895. Constitué à partir de 1951, date d’un premier don de Paul Eluard à sa ville natale, il n’a cessé de s’enrichir depuis jusqu’à compter actuellement 2750 œuvres dont 350 photographies.

Provenant de la collection personnelle d’André Breton, l’acquisition de ce photomaton permet d’intégrer dans les collections une œuvre phare du mouvement surréaliste, auquel Paul Eluard adhère brièvement. Car loin des photographies d’identité actuelle, le photomaton est à l’époque une véritable attraction dont s’emparent les surréalistes.

Le brevet d’une machine photographique automatique est déposé en 1924 par un ingénieur américain qui vend les droits d’exploitation en 1927 à la société Photomaton Inc. Dès décembre 1928, les premières cabines de Photomaton sont installées à Paris. L’année suivante, on en retrouve plusieurs notamment dans le hall du Petit-Journal, aux Galeries Lafayette, mais aussi à Luna Park, porte Maillot.

Les surréalistes vont probablement découvrir la cabine de la Porte Maillot et en tirer parti comme l’équivalent visuel de l’écriture automatique. Les premiers photomatons sont ainsi reproduits dans La Révolution surréaliste n°12 du 15 décembre 1929 : André Breton utilise plusieurs photomatons de ses camarades pour encadrer le tableau de Magritte Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.

Il existe plusieurs séries de photomatons aux poses différentes notamment de Breton, Eluard et Prévert. Dans le cas de notre présente acquisition, Paul Eluard se dévoile coiffé d’un chapeau et dans trois poses différentes, toisant ou non l’objectif. Avec toute l’espièglerie chère aux surréalistes, ces photographies dévoilent l’inconscient tant du regardé que du regardeur.